L’influence inquiétant du secteur privé haïtien sur la transition suscite le débat

Alors que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) achève son quatorzième mois et que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé cumule six mois à la tête du gouvernement, des voix s’élèvent pour questionner l’influence croissant du secteur privé sur la gouvernance actuelle.
L’économiste Enomy Germain, dans un entretien rapporté par Métronome, a exprimé ses inquiétudes quant à une « capture progressive de l’État » par des intérêts économiques. Selon lui, la désignation prochaine de Laurent Saint-Cyr à la présidence du CPT pourrait accentuer cette tendance, en renforçant les liens entre le pouvoir politique et certaines élites du secteur privé.
Il évoque une gestion qui favoriserait les monopoles et les grandes entreprises au détriment de l’intérêt collectif, dans un contexte où l’insécurité persiste. Les gangs armés, qui contrôlent plus de 85% de la région métropolitaine, exigent des rançons pour laisser passer les camions de marchandises, une réalité qui, selon Enomy Germain, traduit l’influence des réseaux criminels.
Le professeur Germain souligne également l’enrichissement d’acteurs politiques dans ce contexte, tandis que la population reste confrontée à l’insécurité, à la pauvreté et à l’absence de services de base.
Ce constat relance le débat sur la gouvernance pendant la transition, notamment sur la nécessité d’un équilibre entre le pouvoir public et les intérêts privés afin de préserver l’intégrité de l’État et de répondre aux attentes de la population.