Une République à refonder, non à abolir

Non, Monsieur Frantz Duval, l’avant-projet de la nouvelle Constitution ne signe pas la fin de la République. Bien au contraire.
Qui, parmi nous, n’a jamais souhaité voir s’achever ce système économico-politique inégalitaire, enraciné dans la Constitution de 1987, et dont le dépassement exige une refondation profonde de notre contrat social ? Qui n’a pas souffert des injustices structurelles au profit d’une oligarchie concentrée à Port-au-Prince, érigée en caste dominante sous couvert de légitimité constitutionnelle ?
Dans ce contexte, l’avant-projet constitutionnel constitue une réponse audacieuse et salutaire. Il ne vise pas la destruction de la République, mais plutôt sa réhabilitation sur des bases équitables, efficaces et modernes. Il s’agit d’un rééquilibrage des pouvoirs, marqué par l’affaiblissement d’un parlementarisme dévoyé — où l’on vote contre rançon, troque les ministères pour des intérêts privés, et privatise la diplomatie — au profit d’un exécutif juridiquement encadré et renforcé dans ses responsabilités.
L’innovation majeure de ce projet réside dans la création des Gouvernorats, entités autonomes responsables du développement de leur département, gestionnaires des ressources locales en collaboration avec le pouvoir central. Cette architecture nous rapproche d’un modèle d’État unitaire à dynamique fédéraliste, plus adapté à la diversité territoriale et aux besoins des citoyens.
Ce texte n’est pas une menace. Il incarne une promesse. Celle d’un avenir réorganisé, d’une gouvernance plus proche du peuple, d’un sursaut institutionnel nécessaire. Seuls les tenants d’un ordre ancien, fossoyeurs d’espoir et profiteurs du désordre, peuvent craindre cette transformation.
Il est temps de cesser de confondre République avec immobilisme, et Constitution avec résignation. Ce projet est une fenêtre ouverte sur un avenir meilleur.
Michélot Oxil, Ph.D.
Socio-Anthropo-ethnologue,
Spécialiste en Relations internationales,
Professeur des universités