RACINE INFO : L’inflation : la pathologie de l’économie haïtienne
```*L'agence de presse en ligne RACINE INFO vous présente chaque semaine " _REGARD ÉCONOMIQUE_ ", une rubrique à caractère socio-économique présentée par l'économiste James Edmoncardy DESIMO*```

Le coût de la vie ne cesse de précariser la vie de la population haïtienne durant ces dernières années. Entre 2000 et 2022, certains produits ont connu une augmentation de plus de 3 000% alors que les salaires des haïtiens n’augmentent pas proportionnellement.
Cette situation pousse les haïtiens – les plus compétents surtout – à laisser le pays pour se rendre dans les pays développés à la recherche d’une vie meilleure.
Selon l’Institut haïtien de statistique et de l’information (IHSI), la variation de l’indice des prix à la consommation global pour l’ensemble du pays passé de 16.0 % à 26.7% de avril 2021 à avril 2022. Pour les produits locaux, il est passé de 15.7% à 20.5% et de 16.5 % à 38.0% pour les produits importés au cours de la même période. Il est important de souligner que la part des indices importés est toujours plus importante au cours de cette période et est de 38% contre 20.5 pour les indices locaux en avril 2022.
L’origine de l’inflation est à la fois locale et encore plus étrangère puisqu’une très grande partie de l’inflation provient de l’étranger. D’abord, la rareté des produits locaux due à la baisse de la production locale ne fera qu’amplifier le phénomène de la cherté de la vie. Sans oublier, la situation sécuritaire qui rend beaucoup plus difficile la circulation des biens et services dans le pays en raison de l’activité des gangs armés. Ensuite, le secteur agricole connait un déclin en raison d’absence d’innovation dans le secteur et des rendements décroissants évoqués par l’économiste Ricardo David.
Par ailleurs, beaucoup de maladies ont frappées nos produits agricoles, mais rien a été fait pour résoudre le problème. Tout cela explique la rareté. Donc, possibilité de voir les prix grimpés selon la loi de l’offre et de la demande. Or, il est aussi important de mentionner les augmentations de salaires – bien que très faibles, des prix des matières premières, des équipements, etc. qui agissent sur les prix.
Vous le savez presque tous que pour satisfaire la demande locale, nous sommes obligé d’aller vers l’extérieur. Cela ne saurait constituer un problème mais c’est le déséquilibre qui persiste au niveau de la balance commerciale, c’est-à-dire la différence entre les importations et les exportations, et la balance des paiements qui est le résultat de l’équilibre sur le marché de la monnaie. Ainsi, nous subissons l’augmentation des prix au niveau des marchés internationaux et des effets du taux de change qui ne cesse de s’aggraver.
Au cours de cette période, toutes les régions d’Haïti ont connu un indice d’au moins 25% et et plus élevé dans les départements du Sud, de la Grande-Anse et des Nipppes soit 28.5% et la configuration n’est pas différente pour les deux mois précécents.
Des augmentations des prix d’environ 30% alors que les salaires restent stables. Or, l’Etat haïtien intervient tardivement pour redresser la situation bien qu’il n’a pas vraiment la force nécessaire pour imposer un salaire de base compte tenu de son incapacité à administrer et gérer les affaires de la République et de la mainmise de certains groupes sur l’administration d’État. Les programmes de politiques devront inclure la lutte contre l’inflation, la création d’emploi afin d’inciter la demande et non des discours propagandistes qui ont fait le cours des campagnes politiques en Haïti.
James Edmoncardy DESIMO
Économiste, Spécialiste
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