Editorial

RACINE INFO: Le rôle de la Secrétairerie d’État à la Sécurité Publique dans l’Architecture de l’État Haïtien: Réponse aux incompréhensions de Thériel Thélus et Daly Valet

Par Antoine NERILUS

 

Les déclarations de Thériel Thélus et du professeur/ journaliste Daly Valet sur la nomination du capitaine Mario Andrésol en tant que secrétaire d’État à la Sécurité publique traduisent une méconnaissance partielle ou totale des principes de l’architecture institutionnelle haïtienne.

 

En effet, dans une publication du très respecté Daly Valet, il déclare qu’il y a excès dans les pouvoirs conférés au capitaine Andrésol au détriment du directeur de la Police nationale d’Haïti. Pour M. Thélus, c’est une humiliation subie par Normi Rameau, directeur de la PNH. Il n’en est point question.

 

Affirmer que cette nomination constitue une humiliation pour le directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH), Normil Rameau, relève d’une lecture simpliste et erronée des attributions des différents organes responsables de la sécurité publique en Haïti.

 

La Secrétairerie d’État et ses missions

 

Créée entre 1996 et 1997, la Secrétairerie d’État à la Sécurité publique (SESP) agit comme un organe stratégique sous la tutelle du Ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP). Elle est chargée de coordonner et d’évaluer les actions des forces de sécurité, y compris la PNH.

 

Son rôle est d’assurer la mise en œuvre des politiques publiques en matière de sécurité intérieure, en lien avec les directives du gouvernement. Loin d’affaiblir le directeur général de la PNH, cette structure garantit une supervision cohérente et adaptée aux exigences de l’État moderne.

 

Le décret du 29 novembre 1994 ayant institué la PNH place cette dernière sous la supervision du MJSP, avec un lien fonctionnel direct avec la SESP. Cela signifie que le directeur général de la PNH soumet naturellement ses rapports au secrétaire d’État, ce dernier étant le relais entre la police et les instances gouvernementales.

 

Cette organisation, ou cette adjonction, ne réduit en rien l’autonomie opérationnelle du directeur général, mais répond à une logique d’efficacité et de responsabilité administrative.

 

Prenons deux théories classiques en sécurité publique.

 

Dans un premier temps, considérons la théorie systémique de la sécurité publique (Easton) soulignant l’importance de la coordination entre institutions pour garantir un environnement sécurisé. Dans ce cadre, la SESP joue un rôle de « pivot », reliant les initiatives locales et nationales.

 

Puis, voyons la théorie du contrôle social (Durkheim) mettant en lumière l’importance de la police comme outil institutionnel pour maintenir l’ordre public. Cette théorie justifie la complémentarité entre la PNH et les organes étatiques comme la SESP, en vue d’une gouvernance intégrée de la sécurité.

 

Il y a un faux débat sur l’érosion du pouvoir de M. Normil. Dire que Normil Rameau aurait été « subjugué » ou « humilié » est une exagération qui reflète une mauvaise compréhension des rôles respectifs. Mario Andrésol, en tant que secrétaire d’État, n’intervient pas dans les opérations quotidiennes de la PNH mais veille à l’élaboration et à l’exécution des politiques de sécurité. Cette dynamique de collaboration est un impératif pour l’architecture institutionnelle de l’État.

 

Enfin, la nomination d’Andrésol ne traduit aucune défiance envers Normil Rameau mais répond à un besoin d’optimisation des efforts face à une crise sécuritaire sans précédent. Thélus et Valet, à mon humble avis, devraient reconsidérer leurs analyses à la lumière de ces principes structurels et théoriques.

 

Professeur Antoine NERILUS, journaliste, spécialiste en gouvernance de l’État, doctorant en sciences politiques et relations internationales.

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