RACINE INFO : Haïti / Politique : L’OPC signale aux membres du conseil présidentiel que la question des droits humains doit être au centre de cette nouvelle transition politique
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Dans un document parvenu à la rédaction du journal en ligne Racine Info ce jeudi 25 Avril 2024, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), met au clair sa position sur la nomination et l’installation des membres du Conseil présidentiel de transition tout en faisant des recommandations.
« L’Office de la Protection du Citoyen (OPC), institution nationale indépendante de promotion et de protection des droits humains, accrédité avec un statut A auprès du Conseil des droits de l’homme, prend acte de la nomination, suivie de l’installation des membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dont le principal mandat consiste à assurer la gouvernance de l’État en vertu d’un accord intitulé « Accord Politique pour une transition pacifique et ordonnée » et à résoudre la crise sociopolitique que connait Haïti depuis l’assassinat du Président Jovenel MOISE, le 7 juillet 2021, qui s’est détériorée au début du mois de février 2024 suite aux diverses manifestations antigouvernementales enregistrées un peu partout à travers le pays », débute la note en question.
De plus, l’OPC dit noter avec intérêt que dans le cadre de cet accord, les parties prenantes regroupant les représentants des organisations politiques, économiques, religieuses et de la société civile se sont engagées à créer les conditions nécessaires en vue de conduire le pays vers le rétablissement de l’ordre démocratique et la reconstitution des institutions républicaines en ciblant notamment la sécurité publique, le redressement économique, la sécurité alimentaire, la justice, les élections pour le renouvellement du personnel politique et la construction d’un État de droit.
« En effet, dans son dernier rapport présenté à la 55ème session du Conseil des droits de l’homme qui s’est tenue du 26 février au 5 avril 2024, le Haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, Monsieur Volker TÜRK, a décrit une situation chaotique en matière de droits humains en Haïti, en raison de la progression de la violence des groupes armés et de l’incapacité des autorités concernées à freiner les scènes de cruautés impliquant des violations systématiques de droits humains sans oublier les conséquences humanitaires désastreuses qui en découlent », précise l’OPC.
Plus loin, l’OPC rappelle que l’ONU rapporte que l’augmentation de la violence liée aux activités criminelles, aux violations graves de droits humains y compris les violences sexuelles met en péril la paix, la stabilité et la sécurité de la région.
« Au cours des mois de mars et d’avril, les hostilités des bandes criminelles se sont intensifiées dans tous les quartiers de l’aire métropolitaine en prenant pour cibles divers sites stratégiques tel que l’Aéroport international Toussaint Louverture, contraint de suspendre toutes ses opérations. Des centres hospitaliers et leur personnel de santé, des commissariats de police, des pharmacies, des établissements universitaires, scolaires, publics et privés, des cabinets d’avocats ont été la cible des individus armés. Cette situation imposée par des groupes armés avec la complicité de certains membres du gouvernement d’Ariel Henry ayant pris la commande de l’État après l’assassinat du Président Jovenel Moïse a des conséquences néfastes sur le fonctionnement régulier du pays et sur les droits humains particulièrement le droit à la santé de la population à cause de la fermeture de plusieurs structures sanitaires et de l’indisponibilité des intrants pharmaceutiques dans le pays », constate l’OPC.
« Qui plus est, l’évasion de plus de quatre mille prisonniers lors des attaques perpétrées contre les deux plus grands centres carcéraux du pays (Pénitencier national et Prison de la Croix-des-Bouquets), sous le regard passif des membres du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), met davantage en danger la sécurité de la population avec une psychose de peur de manière continue », déplore l’organisme de défense de droits humains.
Suite à ces constats alarmants, l’OPC fait les recommandations suivantes aux nouvelles autorités politiques du pays :
a) Adopter et de mettre en œuvre, à travers des instances concernées, des dispositions appropriées pour la reprise des activités au niveau de l’Aéroport international Toussaint Louverture afin d’épargner Haïti d’un éventuel isolement sur la carte du monde ;
b) Faciliter la mise en place effective d’une commission de vérité et de justice conformément au contenu du document de base du Conseil Présidentiel de Transition et dont la mission consisterait à diligenter des enquêtes sur les violations des droits humains et des crimes spectaculaires (à titre d’exemples : assassinat du Président Jovenel MOISE et celui du Bâtonnier Monferrier DORVAL), identifier les auteurs matériels, commanditaires, complices et instigateurs, établir la véracité des faits, rendre justice et accorder réparation aux victimes ou à leur famille, à l’instar de celle créée le 28 mars 1995 qui a produit un rapport d’enquête sur les crimes commis durant la période du coup d’état du 29 septembre 1991 ;
c) Exiger du Haut-Commandement de la Police Nationale à travers le ministère de la justice et de la sécurité publique, la création d’une commission d’enquête crédible devant réaliser une enquête approfondie, minutieuse et objective sur les évènements du 2 mars 2024 survenus au Pénitencier national et à la prison civile de la Croix-des-bouquets avec la volonté de fixer les responsabilités, d’engager des poursuites ou des sanctions contre des responsables fautifs et aussi d’ordonner des avis de recherche à l’encontre des évadés composés, en grande partie, de violeurs, de criminels, d’escrocs qui constituent un véritable danger pour la sécurité publique ;
d) de mettre en œuvre des mesures spéciales visant à atténuer les souffrances de la population haïtienne (particulièrement les dizaines de milliers de déplacés internes) vivant dans des conditions de précarité et exposée à une crise humanitaire sans précédent ;
e) d’être à l’écoute des acteurs politiques ou des protagonistes dans une perspective d’apaiser la tension sur le plan politique avec la priorité de la méthode de résolutions pacifiques des conflits qui doit faciliter une trêve ou un moratoire, indispensable à la stabilité politique ;
f) de placer la question des droits de l’homme, au centre de la période de transition, devant aboutir à l’installation des hommes et femmes politiques issus d’élections libres,inclusives, démocratiques à la magistrature suprême de l’État.
Précisons que l’OPC a fait des recommandations aux autres acteurs de la société haïtienne.
RACINE INFO