RACINE INFO: Haïti/Brutalité policière: L’Office de la Protection du Citoyen (OPC) adresse une lettre au Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker TÜRK

Dans une lettre adressée au Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, Volker TÜRK, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), institution étatique indépendante de
promotion et de protection des droits humains, accrédité auprès du Conseil des droits de l’homme, dit exprimer ses plus vives préoccupations suite aux nombreux incidents regrettables impliquant des agents de la Police Nationale d’Haïti lors des échauffourées enregistrées dans les manifestations antigouvernementales, du 7 février 2024, déroulées dans l’aire métropolitaine et dans les différentes régions du pays.
« En effet, selon les informations confirmées, cinq (5) agents (Zéphyrin DANIEL, Mackendy
VEILLARD, Dorvil Jean FONTANGE, Chrisner DESIR et Clersaint THOMAS) de la Brigade de
Sécurité des Aires Protégées (BSAP) ont été tués par balles dans des circonstances qui demeurent troublantes. Leurs corps ont été inhumés, dans une fosse commune, sans procès-verbal de constat d’un juge de paix, à l’insu de leurs parents, en violation des procédures légales applicables en la matière », dénonce l’OPC.
« Quatre (4) autres membres de la BSAP (Hervé LANIO, Clerty CLERNIUS, Sindia PAUL
et Sanon GUITO) ont été arrêtés par des agents de la PNH puis conduits au Commissariat de
Pétion-Ville. Après une tentative d’exécution sommaire dans un lieu inconnu, par des membres des forces spécialisées de l’institution policière non identifiées, ces derniers sont présentement à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) selon leurs avocats », ajoute l’OPC.
« Dans la foulée, trois (3) journalistes (Lemy BRUTUS, Stanley BELFORD, Ymozan
WILBORD) ont été blessés par balles à Jérémie et les matériels de travail de plusieurs membres
de la Presse saisis, endommagés par des agents de la Police Nationale d’Haïti au Cap-Haïtien,
toujours dans la journée du 7 février. Qui plus est, dans l’après-midi du 8 février, alors qu’il
couvrait des manifestations, le journaliste Jean Jean MARC a été l’objet de brutalités policières.
La victime a été violemment atteinte, en plein visage, d’une bombe lacrymogène et a perdu un œil en dépit des interventions rapides des professionnels de la santé affectés à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) », déplore l’institution de protection des droits du citoyen.
Plus loin, l’OPC précise qu’il regrette et déplore que de tels évènements antidémocratiques, assimilables à de graves atteintes à la liberté de la presse soient enregistrés, un 7 février, date qui traduit, à bien des égards, le rejet de la dictature et des pratiques totalitaires en Haïti. Il saisit l’occasion pour rappeler que toutes les actions de la police doivent être conformes aux principes d’égalité, de nécessité, de non-discrimination, de proportionnalité et d’humanité ce, au regard des normes internationales des droits de l’homme applicables aux forces de l’ordre.
« Face à cette triste réalité, au nom du respect des principes généraux des droits de l’homme
notamment le droit à la vie, l’OPC, au regard de sa mission de veiller au respect par l’Etat de ses
engagement en matière des droits humains, a recommandé à l’Inspection Générale de la PNH de diligenter, sans délai, une enquête approfondie en vue de déterminer les circonstances de la mort violente des agents de la BSAP et des brutalités policières perpétrées à l’encontre des journalistes aux fins de fixer les degrés éventuels de responsabilité en vertu des règlements de discipline générale et du code de déontologie de l’institution policière », continue la lettre.
« Toutefois, aucun suivi n’est donné à la requête de l’OPC pour le moment. En conséquence,
conformément à votre mandat du Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations-Unies, l’OPC vous saurait gré de bien vouloir solliciter auprès des plus hautes autorités haïtiennes (les
membres du Conseil Supérieur de la Police Nationale) des explications sur ce dossier et de les encourager à faciliter la création d’une commission d’enquête spéciale aux fins de faire la lumière sur les faits rapportés au nom du droit à la vérité, universellement reconnu dans tous les systèmes de protection des droits de l’homme », conclut cette correspondance qui porte la signature de Renan Hédouville, Protecteur du citoyen.
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