RACINE INFO: Évasion dans les prisons en Haïti : l’OPC présente un bilan et responsabilise les plus hautes autorités du pays

Dans une note de presse rendue publique le lundi 4 mars écoulé, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), institution nationale indépendante de
protection et de promotion de droits humains dit exprimer sa profonde indignation et ses plus
vives préoccupations suite à des cas d’évasion survenus les 2, 3 et 4 mars en cours, au Pénitencier national (prison civile de Port-au-Prince), à la prison civile de la Croix des
Bouquets et au Commissariat de police de Delmas 33.
« Selon des données disponibles, sur un total de 3798 prisonniers et détenus à la prison civile de Port-au-Prince, 3700 se sont évadés. A la Croix des Bouquets, 1033 se sont enfuis dont 298 condamnés soit l’effectif total, tandis que 20 personnes dont 6 policiers en isolement au commissariat de delmas 33 ont pris la fuite », lit-on dans la note de l’OPC.
« Au Pénitencier et à la prison de la Croix des Bouquets, les faits se sont produits suite aux attaques lancées par des individus armés contre les bâtiments de ces deux principaux centres carcéraux du pays dans l’indifférence totale des plus hautes autorités du pays.
En dépit des préoccupations exprimées au Premier ministre, Dr Ariel Henry, à la Ministre de la justice, Madame Emmelie Prophète Milcé, au Directeur Général de la PNH, Monsieur Frantz Elbé par des responsables de la DAP (Direction de l’Administration Pénitentiaire), des ONGs de droits humains et de l’OPC pour l’adoption de dispositions spéciales sur le plan sécuritaire pour les prisons dans un contexte d’insécurité généralisée,
les autorités étatiques sont restées totalement indifférentes ; une attitude dénoncée par des
observateurs faisant croire que les dirigeants actuels alimentent l’insécurité dans le but de justifier une éventuelle intervention de troupes étrangères dans le pays », ajoute la note en question.
En outre, l’OPC soutient qu’il déplore et condamne la politique de nonchalance des autorités politiques et
rappelle que, dans tout pays bien organisé, la gestion et la sécurité des prisons et centres carcéraux relèvent de la responsabilité directe de l’État. « Aujourd’hui, certains détenus et prisonniers évadés constituent une sérieuse menace pour des juges, des membres du parquet (Ministère public), des victimes, des avocats, des
officiers de la police judiciaire qui ont travaillé à charge sur leurs dossiers », alerte l’OPC.
Conformément à ses attributions de « faire respecter les droits des individus en
garde à vue dans les commissariats de police, ainsi que ceux des détenus dans les prisons », l’OPC dit exiger une protection spéciale pour les prisonniers qui ont accepté
volontairement de rester au Pénitencier au moment de l’évasion du 2 mars. Selon l’OPC, les autorités judiciaires concernées doivent statuer sur leur cas sans délai ou avec célérité.
Par ailleurs, l’OPC dit inviter le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) à se positionner sur
cette question brûlante d’actualité. « L’OPC encourage la création d’un comité mixte aux fins d’évaluer la situation et
d’envisager des solutions adéquates mais aussi durables par rapport à la problématique du
système carcéral dans le pays », conclut la note en question qui porte la signature de Renan Hédouville, Protecteur du citoyen.
RACINE INFO