RACINE INFO: Dogmatisme religieux : réflexion sur la cécité spirituelle et l’exploitation outrancière des fidèles
Depuis des siècles, la philosophie éclaire les dynamiques complexes entre spiritualité et religion institutionnalisée. Cette dernière, bien qu’elle puisse offrir un sens à l’existence humaine, se transforme parfois en instrument de contrôle, exacerbé par le dogmatisme. L’exemple récent du pasteur Grégory Toussaint, leader de l’église Tabernacle de Gloire, illustre cette dérive où l’exigence d’une « graduation » pour devenir membre de son tabernacle met en lumière une aliénation profonde des fidèles.
Cette situation soulève des interrogations fondamentales : comment une telle condition peut-elle être compatible avec l’essence même de la foi chrétienne, fondée sur l’amour et l’inclusivité ?
La spiritualité est universelle, accessible à tous sans distinction de statut ou de diplôme.
Pourtant, sous l’égide du révérend Grégory Toussaint, ce principe semble s’éclipser au profit d’une cérémonie de « graduation » au sein du Tabernacle de Gloire. Ce décembre 2024, à la stupeur de tous, 1285 individus à travers 56 campus différents ont été proclamés « gradués », dont 112 en présentiel à Miami.
Ces « graduates » incluent des personnes connectées virtuellement depuis des fuseaux horaires lointains, parfois à des heures impossibles, comme 3 heures du matin en France.
Ce phénomène, loin d’être anodin, est symptomatique d’une exploitation outrancière des esprits faibles, pour qui ce rituel devient un gage d’acceptation divine.
Le philosophe Karl Marx avait raison lorsqu’il qualifiait la religion d’ »opium du peuple ». Loin d’élever l’esprit, certaines pratiques religieuses, comme celles observées ici, semblent nourrir une aliénation collective. La cécité spirituelle engendrée par une telle vénération des pasteurs atteint un point critique. Ce n’est plus Dieu, mais le pasteur, qui devient l’objet du culte. Le pasteur Grégory Toussaint, sous le titre de « révérend », incarne cette figure quasi-messianique pour des milliers de gens.
Cette idolâtrie conforte la hiérarchisation des croyants, minant leur capacité à exercer une pensée critique face aux exigences financières et rituelles imposées par l’Église et cette aliénation a des effets directs sur la vie des fidèles.
Non seulement leur esprit est asservi, mais leurs ressources financières sont également siphonnées.
Malgré la précarité de nombreux croyants, les églises insatiables continuent d’exiger des contributions, souvent justifiées par une interprétation fallacieuse des Écritures. La célèbre béatitude « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » (Matthieu 5:3) est souvent manipulée. Ce verset, qui souligne l’humilité spirituelle, est dévoyé pour encourager une passivité face à l’exploitation économique des plus démunis.
Il est impératif de distinguer la spiritualité, qui élève et libère, du dogmatisme religieux, qui emprisonne et appauvrit. Si l’Église doit innover, comme le proclame fièrement Tabernacle de Gloire, que ce soit dans le respect de la dignité humaine et de l’essence de la foi chrétienne. Les fidèles méritent mieux que d’être réduits à des instruments au service de leaders insatiables. Il est temps de rejeter ces pratiques et de dénoncer sans équivoque ce « crime » spirituel, qui trahit à la fois Dieu et les hommes.
Antoine NERILUS, DES en gouvernance de l’État, journaliste, enseignant, doctorant en sciences politiques et relations internationales.