RACINE INFO: Nécrologie : Le sociologue français Alain Touraine récemment décédé
« Auteur de plusieurs ouvrages qui décrivent les dynamiques du changement des sociétés, le sociologue Alain Touraine s’est éteint, dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 juin, à 97 ans », précise les informations du média RFI.
Spécialiste de la société industrielle et du mouvement syndical, Alain Touraine a fait son départ pour l’orient éternel.
« Son nom restera attaché à un champ d’études, à savoir les « nouveaux mouvements sociaux » – comme les étudiants, les féministes, les écologistes ou les régionalistes, nés dans les années 1970 -, et à une méthode de travail : l’interventionnisme sociologique », précise l’article du média français.
« Il faut quitter le calme rassurant des utopies et des prophéties, fussent-elles catastrophiques, pour descendre dans le mouvement, déconcertant mais réel, des relations sociales », assurait Alain Touraine.
Né à Hermanville-sur-Mer à côté de Caen, le 3 août 1925, Alain Touraine a obtenu le grade de chercheur au CNRS de 1950 à 1958, il crée en 1956 le Centre de recherche de sociologie du travail de l’université du Chili. Il commence sa carrière par une étude sur des mineurs de charbon chiliens et aura toute sa vie des liens étroits avec l’Amérique latine.
C’est en 1955 qu’il publie sa thèse « L’Évolution du travail ouvrier aux usines Renault », très remarquée. Deux ans plus tard, il fonde le Laboratoire de sociologie industrielle, qui devient en 1970 le Centre d’études des mouvements sociaux.
En 1960, il est nommé directeur d’études à l’École pratique des hautes études en sciences sociales (EHESS). Docteur ès lettres en 1965, il enseigne de 1966 à 1969 à l’université de Nanterre.
En mai 1968, il est de ceux qui demandent la suppression des examens pour les étudiants en sciences sociales.
En 1981, il fonde le Centre d’analyse et d’intervention sociologiques, dont il laisse la direction à Michel Wieviorka en 1993.
S’il estimait que la gauche « n’a pas fait sa révolution culturelle », il a été longtemps proche de la CFDT et de la « deuxième gauche » et s’est ensuite employé à refonder l’idéologie socialiste.
Il a appartenu à la Commission de réforme des universités ou la Commission de réflexion sur la nationalité (1987). Aux élections européennes de 1994, il figure, parmi de nombreux intellectuels et personnalités politiques, sur la liste « L’Europe commence à Sarajevo », dirigée par le professeur Léon Schwartzenberg.
Il signe en 1989 avec Gilles Perrault et Harlem Désir un manifeste pour la laïcité, publié dans l’hebdomadaire Politis. En 1996, scandalisé par le traitement « moralement et politiquement inacceptable » de la question des sans-papiers de l’église Saint-Bernard, il claque la porte du Haut-Conseil à l’intégration, dont il faisait partie depuis deux ans.
Attentif aux revendications des groupes minoritaires, il étudie aussi bien les grèves françaises de fin 1995, que le zapatisme au Mexique, soutient l’instauration de la parité hommes-femmes dans la vie publique ou encore la semaine de quatre jours.
On lui devait des essais tels que « La Conscience ouvrière », « Le Communisme utopique », « Critique de la modernité », « La société post-industrielle », « Pourrons-nous vivre ensemble? » ou « Comment sortir du libéralisme ? » qui, en 1999, constatait la fin de l’État-providence à la française. Il a cosigné avec Ségolène Royal « Si la gauche veut des idées » (2008).
Lauréat 2010 du prestigieux prix Prince des Asturies, il était aussi très connu dans des pays comme la Pologne, où il avait reçu en 2012 une importante distinction pour ses travaux sur le mouvement Solidarité (Solidarność), premier syndicat indépendant du bloc soviétique, dans les années 80.
Racine Info avec la collaboration de RFI