Les politiques budgétaires de l’État n’engendrent pas la croissance mais l’inflation.
```*L'agence de presse en ligne RACINE INFO vous présente chaque semaine " _REGARD ÉCONOMIQUE_ ", une rubrique à caractère socio-économique présentée par l'économiste James Edmoncardy DESIMO*```

Les politiques budgétaires de l’Etat ne feront qu’aggraver la situation économique du pays en renforçant les déficits et donc le coût de la vie. Le gouvernement devra alors revoir sa stratégique et redéfinir ses objectifs en matière de croissance, en faisant un choix entre l’emploi et l’inflation.
L’économie haïtienne a connu une période de décroissance pendant plusieurs années. Le Produit intérieur brut, en volume, de la République d’Haïti a connu des baisses de 3,3% en 2020 et de 1,8% en 2021. Le secteur le plus touché par la décroissance est le secteur primaire enregistrant une baisse de 4,1%. Au cours de cette même période, les prix des biens et services n’ont cessé d’augmenter. Haïti est donc en phase d’une période de stagflation, c’est-à-dire une période de récession, accompagnée de fortes augmentations des prix en général.
Pour expliquer cette situation, on avance le phénomène de l’insécurité, la crise répétitive du carburant, la hausse des prix des produits sur le marché international qui est un élément important dans l’analyse, puisque le marché haïtien est très ouvert aujourd’hui aux importations étrangères. À cela, il faudrait ajouter les déficits budgétaires qui ont de grands impacts sur la croissance, l’inflation et les politiques budgétaires de l’État.
Face à la montée du prix des produits de premières nécessités et d’autres biens et services, l’État, sous la pression de certains groupes sociaux, a pris la décision d’ajuster, bien que ce soit de manière disproportionnelle par rapport à l’inflation, les salaires de certains agents de l’administration publique afin d’apporter un soulagement à leur souffrance et leur précarité. Quelques mois plus tard, l’État opère cet ajustement, qui sera applicable à partir du mois de mai 2022 au sein de l’administration publique haïtienne alors qu’il aurait dû le faire appliquer au même moment que la décision avait été prise d’ajuster les salaires des ouvriers en février 2022 quoique sous pression suites aux manifestations de ces groupes.
L’État était donc incapable de répondre à cette obligation en raison des déficits énormes enregistrés lors des exercices précédents qui constituaient un fardeau pour l’administration publique et réduisaient considérablement ces marches de manœuvres pour les exercices suivants, car il fallait rembourser les dettes contractées par l’État à l’interne et à l’externe, sans compter les obligations envers les organisations internationales.
L’augmentation des salaires est une solution cosmétique. Donc, on tente de résoudre un problème en agissant sur les conséquences et non sur les causes. Les concernés connaîtront peut-être un petit soulagement temporaire mais le problème va devenir pareil, voire pire. L’augmentation nominale de ce pouvoir d’achat va créer une pression sur les biens et services, si toutes les fois aucune mesure n’est prise pour relancer la production et réduire la dépendance par rapport à l’extérieur, donc l’inflation sera inévitable. Or, l’État pour répondre à une augmentation de la masse salariale sera obligé d’accélérer la pression fiscale qui n’aura des incidences sur le prix des biens et services. En résumé, cette politique budgétaire est inflationniste.
L’augmentation de salaire pour conclure ne saurait résoudre les maux de la population. Il faudrait aussi souligner que les salariés sont les grandes victimes de l’inflation puisque les salaires n’augmentent que difficilement. Les solutions doivent passer par la création d’emploi en stimulant l’offre ainsi que la demande. Mais encore plus l’offre.
*James Edmoncardy DESIMO*
*Économiste, Politologue,*
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*tél : 3697-2522*