Haïtiens à la frontière du Canada : Dany Laferrière invite à ne pas donner raison à Trump

Depuis quelques jours, la présence d’environ 250 migrants, en majorité haïtiens, au poste frontalier de Lacolle, au Québec, suscite de vives réactions. Ces migrants demandent l’asile au Canada pour fuir la menace d’expulsion planant sous l’administration Trump. Depuis le 1er avril, près de 560 personnes ont ainsi franchi la frontière. Une situation qui inquiète le Premier ministre québécois François Legault. « On a vraiment excédé notre capacité d’accueil », a-t-il déclaré, appelant le gouvernement fédéral à agir sans tarder.
Le ministre québécois de l’Immigration, Jean-François Roberge, a quant à lui affirmé que le Canada ne peut accueillir « toute la misère du monde ». Il a souligné les défis que représente cette vague migratoire pour les services publics comme le logement, la santé, l’éducation et la francisation. « À un moment donné ça ne fonctionne pas », a-t-il dit, tout en assurant que le Québec assumera sa part de responsabilité.
Face à cette réaction politique, l’écrivain et académicien Dany Laferrière a exprimé son désaccord. L’auteur d’Un certain art de vivre estime injuste que les Haïtiens soient perçus comme un fardeau. « Ils seront la richesse du Québec dans moins d’une génération », a-t-il déclaré à Radio Canada. Pour lui, le problème est mal posé : « Ce n’est pas au Québec d’avoir peur, mais aux Haïtiens qui fuient une menace réelle. » Il appelle à une réaction réfléchie, loin des discours alarmistes.
Dany Laferrière considère cette crise comme un enjeu de société et non simplement politique. « Si on ne répond pas par l’humanisme, on donne l’impression que Trump a raison », a-t-il averti. Rappelant la contribution des Haïtiens à la modernisation du Québec, il plaide pour une approche inventive et solidaire face à l’arrivée potentielle de milliers de migrants menacés par la fin du programme humanitaire HCNV aux États-Unis.